La viticulture subit aujourd’hui de plein fouet les bouleversements climatiques. Face des événements d’une envergure sans précédent, les viticulteurs mettent leurs idées sur la table pour préserver leur filière et assurer que les prochaines décennies verront toujours leurs cuves à vin remplies.
Un groupe de travail sur le changement climatique
FranceAgriMer et l’Inao ont créé, à la suite des conclusions alarmantes du projet Laccave de l’Inra en 2017, un groupe de travail. L’objectif de celui-ci est dans un premier temps de définir des mesures concrètes d’adaptation des pratiques viticoles face aux bouleversements climatiques. Dans un second temps, il sera nécessaire de déterminer des mesures d’atténuation des effets du dérèglement du climat, à l’instar du Plan Champagne, proposé par la filière du même nom.
Le fruit de ce travail de recherche a donné lieu à quatre scenarii d’évolution de la filière viticole : un scenario conservateur, un second innovant, un autre nomade et un dernier libéral. Un projet parallèle mené par les régions a permis de réunir 2 222 propositions, classées en grandes thématiques.
Les régions peuvent ainsi piocher selon leur propre contexte climatique les mesures les plus adaptées pour préserver la filière viticole et la rendre plus durable face au changement climatique. Le système retenu au niveau national pour sa part, conforte les appellations AOP et IGP tout en permettant l’innovation nécessaire pour faire face à aux changements en cours.
Quelles mesures pour relever le défi climatique ?
Ces dernières années, l’Inao s’est montrée très proactive pour permettre de nombreuses adaptations de travail de la filière viticole : évolution des règles de l’irrigation en AOC, introduction de cépages résistants dans les AOC et les IGP, déploiement général du VCI et expérimentation du voilage contre la grêle sont autant de mesures qui ont été mises en place avec succès.
Néanmoins, les rapides changements climatiques posent encore de nombreux questionnements sur les possibles mesures évolutives de la filière. L’un de ces questionnements porte ainsi sur la surface foliaire – la surface des feuilles d’une plante – : la transpiration végétale augmente avec cette surface foliaire, nécessitant de fournir plus d’eau aux vignes. Ne faudrait-il donc pas, pour pallier cet inconvénient, limiter voire supprimer les surfaces foliaires au détriment de la photosynthèse mais au profit de la conservation des ressources hydriques ?
Contribuer positivement au changement climatique avec la viticulture
Aujourd’hui, il est nécessaire de pousser la réflexion plus loin pour déterminer de quelle manière la production de vins peut contribuer à ralentir ou limiter le dérèglement climatique.
Par exemple, les sols constituent un exceptionnel réservoir de carbone. Si le labour permet de le libérer dans l’atmosphère, l’enherbement quant à lui permet de le garder enfermé dans le sol pour le transformer en matière organique. De cette manière, il est possible de le stocker davantage.
De nombreux fondamentaux de ce type sont à redécouvrir et à maîtriser, afin de définir les pratiques les plus adaptées à la continuité d’une filière viticole plus durable, vertueuse et opérationnelle en matière d’environnement. Ces pratiques devront ensuite être reprises dans les cahiers des charges de certifications qui garantiront une qualité toute nouvelle de production viticole.